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Proposition de directive EU "santé et résilience des sols" : l'avis de l'UNAB

Cette proposition très attendue de la Commission européenne tente de définir ce qu’est un "sol sain". Globalement, c’est une initiative timide de la Commission, peu contraignante sur les objectifs, mais qui a le mérite de replacer les sols au centre des préoccupations. L'UNAB a rappelé aux personnes présentes que l'agriculture biologique est une alliée naturelle de la protection des sols, via la combinaison de pratiques agricoles vertueuses.


La directive propose d'atteindre 100% de sols sains en 2050 en définissant des indicateurs qui permettent de mesurer l’état de santé des sols et des pratiques agricoles qui participent à cet objectif. L’agriculture est un des premiers secteurs concernés par ce texte, qui touche aussi les entreprises, les forestiers....

En Europe, 38% des sols sont occupés par l’agriculture. En Belgique, ce chiffre monte à 44%.

Des sols en bonne santé sont nécessaire à la résilience de nos systèmes agricoles et donc des systèmes alimentaires. La ressource est pourtant sous haute pression : Près de 70% de ces surfaces sont en mauvais état.

Rappel important : le sol est une ressource non renouvelable : selon les conditions pédologiques du sol, il faut 100 à 1000 ans pour générer 1 cm de sol.

L’enjeu est donc de restaurer les sols agricoles en adaptant les pratiques qui peuvent entraîner des pertes de carbone, des compactages ou des pollutions via les intrants de synthèse (exemple ? 12% des substances actives autorisées en Europe comme pesticides sont issues de la famille des PFAS...).

Attention, L’adaptation des pratiques doit se conduire…en concertation avec les agriculteurs et agricultrices, premiers concernés, et qui ont tout à gagner à améliorer la santé de leurs sols si on leur donne les bons outils pour le faire.


Dans ce cadre, l’UNAB soutient projet en cours, qui est une reconnaissance légale de l'importance des sols, qui bénéficieront enfin du même statut que l'air et l'eau, qui sont déjà réglementés.


Les points positifs :


En particulier, nous appuyons les ambitions qui visent à développer de réelles capacités d’observation, à recenser les pratiques de gestion durable des sols, à développer l’accès aux instruments financiers qui permettent cette gestion durable. Enfin, nous saluons l’ambition de faciliter l'accès aux conseils indépendants, aux activités de formation tout au long de la carrière et – on insiste sur ce point - dès la formation initiale, souvent lacunaire sur ce thème.

De manière générale, nous demandons que le projet soit mis en cohérence et en lien étroit avec les autres politiques développées au niveau EU : loi de restauration de la nature, règlement SUR (enfin malheureusement ce qu’il en restera), objectifs de SAU en bio, directive-cadre Eau, PAC …


Les points d’attention :


  • Le secteur bio regrette que le projet ne fixe pas d'objectifs suffisamment concrets à 2050, assortis d’objectifs intermédiaires contraignants pour les États membres.

  • Il ne donne pas non plus de lignes directrices claires sur la manière concrète d’atteindre un objectif de sol sain, ce qui laisse aux Etats membres une très large liberté en la matière (hétérogénéité des pratiques ?).

  • Nous demandons que la proposition fasse un focus plus explicite et détaillé sur les pratiques agricoles à adopter en vue d’améliorer la santé des sols, plutôt que de tout miser sur des indicateurs quantitatifs peu contraignants.

  • La proposition propose de développer un mécanisme volontaire de certification des sols sains. Si ceci part d’une bonne intention, l'application au secteur agricole pourrait encore alimenter la spéculation sur les terres agricoles wallonnes.

  • En outre, nous demandons que les mécanismes de certification concernant la santé des sols soient clairement séparés des mécanismes de compensation carbone. Nous pensons qu’en liant les rémunérations carbone et la santé des sols, il y a un grand risque accroitre les inégalités entre exploitations, mais aussi et surtout d’accroître encore la spéculation sur les terres agricoles et les prix du foncier dans certaines régions.

    • En passant, les mécanismes de carbon farming et rémunération carbone donnent une prime aux plus grandes exploitations, excluent l’élevage et pénalisent sans fondement scientifique les bios qui labourent… En terme de politique climatique, c’est bien la réduction des émissions qui devrait rester la priorité face stockage ou la compensation de carbone.

  • Les sources de financement des actions « sols » doivent s’ajouter à celles de la PAC et ne pas être ponctionnées dans les budgets PAC existants.

  • En ce qui concerne la recherche sur les sols, le secteur bio demande à ce que l’UE réinvestisse le champ de la recherche agronomique en bio, notamment en ce qui concerne l’optimisation du travail du sol, la gestion des couverts végétaux et les variétés résistantes aux maladies. Des avancées concrètes dans ces domaines pourraient bénéficier à l’ensemble des agriculteurs.

Enfin, nous regrettons que le cahier des charges de l’agriculture biologique ne soit pas mentionné dans la proposition comme étant un allié dans une trajectoire vers des sols sains.

L’agriculture bio repose en effet sur un panel de pratiques qui, combinées entre elles comme c’est le cas en bio, ont des conséquences très favorables sur l’état de santé des sols : augmentation du taux de MO, portance et stabilité, infiltration de l’eau, vie microbienne, biodiversité, érosion réduite de 20 à 30%


Tout ceci pour rappeler que l'agriculture peut être une alliée forte des politiques de restauration des sols, si on lui donne accès aux compétences et outils adéquats !

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