Dimanche, c’est le jour des familles, mais pas seulement. On sent le dynamisme sous la tente : les jeunes entrepreneurs multiplient les contacts fructueux. Le bio, ça porte et ça motive. Dimanche, c’est aussi le jour des parkings embourbés.
Le chapiteau En Terre Bio sera pourtant plein comme rarement, les co-exposants sollicités, les producteurs assiégés par des hordes de visiteurs en quête de repas goûteux et pas chers.
Pas cher le bio ?! Eh oui, l’offre de restauration et de boissons En Terre Bio est systématiquement moins chère que partout ailleurs sur la Foire. 25% moins cher, en ce qui concerne par exemple les burgers. Le Bio est réputé comme cher ? Pas quand les intermédiaires ls plus gourmands sont absents de l’équation… CQFD.
Après un nouveau talk avec des VIP sur la filière viticole bio wallonne (on déguste du Chenoy et du château de Bioul et du Portelette), on part en salle de conférence, ou l’UNAB, la FWA, le Collège des producteurs et Biowallonie organisaient une conférence sur la place du Bio en grandes surfaces. Tout part d’une discussion initiée par Biowallonie et l’UNAB à Libramont 2023 : face au recul des ventes en bio, au déréférencement et aux marges trop élevées appliquées aux produits bio, nous devions établir un dialogue avec les grandes et moyennes surfaces (GMS). La FWA, Bioforum et le Boerenbond s’y sont joint et le dialogue s’est construit collectivement avec COMEOS, la fédération des GMS. Le Collège des Producteurs et Biowallonie ont embrayé avec des réunions bilatérales, qui ont parfois laissé des surprises, comme ces acheteurs de GMS pensant que la production bio wallonne n'était destinée qu'à la vente directe et au circuit court.
Il fallait en tirer un 1er bilan. Au menu de cette conférence, retour sur les marges bio en GMS par Biowallonie, présentation du baromètre des produits bio ET locaux de COMEOS (bilan : les produits bio sont moins "belges" que les produits conventionnels), présentation de l'Interface producteurs-distributeurs du Collège des Producteurs, qui tente de faciliter la vente de produits bio locaux dans les GMS et chez les franchisés.
Carrefour et Colruyt sont représentés et jouent le jeu du débat.
Du côté UNAB, on a voulu montrer aux GMS qu’elles ont des leviers gigantesques pour faire évoluer la consommation. Et que le secteur bio a besoin de constance (de fidélité !) : le bio a été un relais de croissance important pour les GMS pendant des années. Avec des chiffres français et allemands (rien ou presque n’est dispo en Belgique), on a pu montrer que, dès la crise ukrainienne, toutes les enseignes ont pourtant diminué leurs références bio, augmenté leur marge et changé leur approvisionnement pour importer. A la clé, un secteur bio qu’on a exhorté à croître et qu’on laisse tomber brutalement, déstabilisant toute la filière. L’UNAB rappelle à Comeos que cette déstabilisation peut coûter cher à long terme : en 2025, 1000 agriculteurs bio wallons (sur 2000) doivent renouveler leur engagement bio pour une durée de 5 ans. S’il n’y a pas un signal fort du marché, on risque une grosse perte de surface...
Extrait de la présentation UNAB - Libramont 28/07/2024
Heureusement, les témoignages de producteurs s’étant associés pour rencontrer la demande des GMS sont assez positifs : le dialogue renoué a permis d’avancer sur des projets concrets par exemple pour Biomilk, Farm For Good, GVBOB… Cette dernière signale d'ailleurs qu'elle est a la recherche de bêtes maigres pour son acheteur principal, dont les commandes ont repris. Ca laisse de l'espoir, et les enseignes présentes jurent qu'elles ont pour objectif d'augmenter leur assortiment bio. Dans la salle, un agriculteur qui connaît bien le secteur laissait échapper un "ça fait 20 ans qu'on entend ces belles promesses" bien senti.
On revient En Terre Bio, et c’est la folie. Foule des grands jours, ambiance, convivialité, presque fraternité. Ce sont les premiers mots qui viennent. On va prêter main forte à l'équipe du bar, mais on prend aussi le temps de discuter des défis de la bio avec...Défi Wallonie et la toute nouvelle Coprésidente d'Ecolo, Marie Lecocq, qui chacun.e nous font l'honneur d'une longue visite sous le chapiteau.
Et pendant ce temps, nos producteurs et productrices continuent d’écouler leur petite restauration à un rythme décuplé. On se demande s’ils tiendront face à cette demande !
Le dimanche plié, on en a plein les pattes, mais on est ravis de la journée. Nos exposants aussi. On range pour repartir à zéro le lendemain. 21h30 on est bons, plus qu'à espérer qu'on pourra sortir des parkings !
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